Le 1er décembre dernier, j'ai mis en ligne mon tout dernier court-métrage, Jean et Paul. À l’occasion des 10 000 vues sur la chaîne YouTube, je profite de quelques jours "off" pour vous parler des coulisses de ce projet et de la manière dont s'est déroulée cette production tumultueuse !
Une idée originale de Valentin
Impossible de dire précisément depuis combien de temps le projet Jean et Paul existe. Ce que je peux affirmer, c’est que ce n’était pas une idée qui venait de moi à l’origine, même si j’ai mis toutes mes tripes dans sa réalisation. L’idée originale venait de Valentin, évoquée lors d’une discussion dans un Burger King avec Claudia (qui joue le rôle de Deu) et lui. À cette époque, Valentin faisait encore partie du collectif, ce qui situe cette conversation avant la pandémie de Covid, donc en 2019.
À l’origine, Jean et Paul devait être un épisode des Tokés’up, une histoire humoristique centrée sur un personnage prêt à tout, au point de devenir prêtre pour faire une énorme blague. Le rôle principal de Jean était initialement prévu pour Valentin, ce qui aurait donné un résultat totalement différent de celui du film final. Une chose est sûre : cette idée était absolument géniale et extrêmement motivante. Ces deux aspects nous ont poussés à réellement nous lancer dans l’écriture, puis, quelques années plus tard, dans le casting et le tournage.
Le Covid est aussi passé par-là
Valentin et Jonathan, qui avaient beaucoup travaillé sur les premiers jets du scénario de Jean et Paul, ont finalement ressenti le besoin de prendre du recul pour se consacrer à leurs vies professionnelles, loin du monde de l’audiovisuel. Malgré tout, ils sont restés tout aussi créatifs et artistiques. Avec le reste de la troupe de Berry’s Pictures, nous trouvions cependant dommage d’abandonner deux belles histoires en cours : Jean et Paul et Le Briquet.
Le Briquet était une autre petite histoire, mais sa production était à un stade bien plus avancé : nous étions même prêts à tourner. Puis est arrivé le confinement dû à la pandémie de Covid-19. Alors que les dates de tournage étaient fixées, le casting bouclé, et les feuilles de service prêtes à être envoyées, nous avons dû tout annuler à la dernière minute.
Durant le confinement, nous avons continué à travailler sur d’autres projets. C’est à ce moment-là que nous avons mis toute notre énergie dans une œuvre qui nous a rendus particulièrement fiers : Le 8ème Rituel. Je n’ai d’ailleurs jamais pris le temps d’écrire à ce sujet sur mon blog, mais je compte bien me rattraper un jour, car il y a tant à dire ! Pendant les dernières périodes de confinement, nous avons enregistré certaines voix à distance, et je me suis rapidement attelé au montage des 9 épisodes qui composent cette œuvre.
C’est alors que Jean et Paul a pris une toute autre dimension, au point de "doubler" notre autre court-métrage Le Briquet. Le reste de la troupe s’était remis à travailler sur l’histoire des deux amis, y apportant une nouvelle perspective. Certaines versions du récit n’avaient strictement rien à voir les unes avec les autres ! Si ma mémoire est bonne, Jonathan était encore impliqué à ce moment-là, avant de quitter le projet. Ces détails restent un peu flous dans mon esprit.
Ainsi, Jean et Paul s’est retrouvé prêt à être tourné. Nous avions alors deux productions prêtes simultanément ! C’était incroyable : nous étions si bien organisés.
Pré-production calibrée
Malheureusement, seul Jean et Paul a été tourné à ce jour. Bien que nous souhaitions d’abord filmer Le Briquet, il était difficile de trouver la motivation pour tout recommencer : les disponibilités des comédiens devenaient rares avec la reprise des activités, et le bar dont nous avions besoin ne pouvait plus nous accueillir. Mais un autre élément est venu changer la donne.
Le tournage de Jean et Paul s’est organisé en deux temps : un premier week-end fin 2021 (mi-décembre) et un second début 2022 (mi-janvier). Mais avant de parler du tournage, il est essentiel de revenir sur la préparation.
Lors de la production de La Loi Sans Moi, plusieurs points avaient nécessité d’être corrigés. C’était tout à fait normal, car c’était une première pour une grande partie de l’équipe. Nous avons tiré parti de cette expérience pour aller encore plus loin avec Jean et Paul.
Pour ce tournage, nous savions qu’il fallait renforcer notre pré-production. C’est ainsi que je me suis entouré d’Ophélie et de Coralie, qui m’ont assisté tout au long de la production. Rien de particulier à signaler sur cette phase : elle était à la hauteur d’une production professionnelle. Le calendrier était serré, les sessions de travail dans des Starbucks nombreuses, mais tout s’est bien déroulé. Pour la recherche des lieux, nous avons bénéficié d’un énorme soutien de Thomas (qui fait un caméo dans le rôle du barman dans le film). Grâce à lui, nous avons pu tourner dans une église à Montgeron, un lieu clé obtenu grâce à ses talents de négociateur et à l’efficacité des filles. Grâce à cette organisation, nous avons rapidement pu mettre Jean et Paul en boîte.
En parallèle, la production de Le 8ème Rituel nous a énormément aidés pour le casting. La méthodologie de recrutement que nous avions mise en place pour cette série audio s’est avérée très efficace et a parfaitement fonctionné pour Jean et Paul. Cela s’est d’ailleurs ressenti dans les retours après la publication du film sur YouTube. Grâce au soutien de Clément et du reste de l’équipe, nous avons eu le plaisir d’accueillir Gaudéric et Romain parmi nos acteurs. Je garde d’innombrables souvenirs de ces moments passés avec eux.
D’un point de vue technique, c’était notre premier tournage en multi-caméras. Je remercie mon lieu de travail, qui nous a prêté une partie du matériel de production. Un immense merci également à Mathieu, qui a rejoint l’équipe tardivement, mais dont l’aide a été absolument précieuse.
D’un point de vue logistique, si j’ai une leçon à tirer, c’est que j’aurais dû éviter de toucher aux caméras et me concentrer pleinement sur la mise en scène. Nous avions conçu une mise en scène très simple pour ce film. L’objectif n’était pas de faire une démonstration technique ou artistique, mais de proposer une histoire cohérente du début à la fin. Nous avons tout misé sur le jeu d’acteur et le scénario. Cependant, en essayant de jongler entre la direction des acteurs et la gestion de la caméra, je n’ai pas pu donner autant que je l’aurais voulu. L’absence de Valentin sur le plateau s’est également fait ressentir, et cela m’a pesé. Par ailleurs, j’aurais aimé avoir plus de moyens techniques : certaines images manquaient de constance, et je n’étais pas totalement satisfait du piqué.
La bonne nouvelle, c’est que le film tient la route au final. C’était notre objectif principal, et il est atteint. Ce n’est pas un film parfait, mais nous avons fait un excellent travail, et j’en suis très fier. Je ressens autant de fierté pour cette œuvre que pour Le 8ème Rituel, bien que ces deux projets soient très différents dans le fond, la forme et le style. C’est cela qui compte, bien au-delà des considérations purement techniques.
Anecdotes de tournage
Lors du tournage dans l’église, j’ai littéralement vu ma vie défiler comme jamais auparavant sur une production. Tourner dans un lieu public, accessible à tous, peut susciter une certaine curiosité pour celles et ceux qui n’y sont pas habitués. Mais cela peut également… agacer. Et c’est exactement ce que nous avons vécu ce jour-là !
Nous avions toutes les autorisations nécessaires pour tourner dans l’église. Les dates de tournage avaient été convenues par écrit et validées en bonne et due forme. Tout était absolument en règle. Nous avions même reçu la bénédiction de “notre Père”. Cependant, alors que nous commencions à installer le matériel à l’heure convenue, un long combat débuta avec une membre de la paroisse – d’un certain âge – qui refusait catégoriquement qu’une équipe de tournage mette les pieds dans son domaine.
Le matériel utilisé pour la scène de l’église dans Jean et Paul était pourtant très léger. Nous avions réduit au strict minimum pour limiter toute forme de dérangement, conscients que maintenir de petites églises comme celle-ci est une tâche ardue. Nous avions même élaboré un planning respectueux afin de préserver la tranquillité de ce lieu sacré, si cher à la communauté locale.
Alors que nous commencions à tourner la première scène, une annonce surprise bouleversa nos plans : un baptême devait avoir lieu dans 30 minutes ! Cela semblait totalement imprévisible. Avec du recul, cela s’explique probablement par une mauvaise compréhension de la logistique nécessaire pour un tournage de cette ampleur, que ce soit de la part de la paroisse ou même de “notre Père” (pardonnez ma mauvaise culture religieuse, je ne suis pas sûr du terme exact).
Malgré tout, la situation ne dégénéra pas complètement. Bien que la dame en désaccord avec notre présence se soit montrée particulièrement hostile (elle est même allée jusqu’à éteindre les lumières), le reste de la paroisse fut incroyablement bienveillant. Grâce à leur soutien, nous avons pu continuer à filmer et repartir avec de magnifiques images.
Je tiens à remercier les figurants et figurantes présents ce jour-là. Si vous lisez ces lignes, sachez que votre patience et votre bonne humeur ont été incroyables. Même si sur le moment, nous étions terrifiés à l’idée d’annuler le second week-end de tournage ou de renoncer à filmer dans cette église, avec du recul, nous en gardons de très bons souvenirs.
En préparant le montage du making-of, j’ai cherché des images de cette interruption soudaine (mais heureusement temporaire) du tournage. Je crois cependant que nous avions tout supprimé pour éviter d’éventuels problèmes par la suite… Peu importe. Au final, le meilleur souvenir reste sans doute la joie de pouvoir offrir une pizza à toute l’équipe. C’était une première pour notre association ! Une belle occasion de remercier Maëlle pour son aide précieuse à la régie ce jour-là et, bien plus tard, pour son travail exceptionnel dans la communication, trois ans après.