Demain débutera les Jeux Olympiques de Paris 2024. J'avais besoin d'écrire un peu, à cette occasion.

Illustration À la veille des Jeux Olympiques, Paris 2024.

Me voici en chemin, en direction « de la prod ». J’ai toute la ligne 10 à traverser, après avoir passé le pont de Charles de Gaulle et vu la scène s’activer sur les berges, préparant le point de départ des athlètes pour la grande cérémonie d’ouverture qui fait tant parler et qui nous donne l’impression d’être en cage.

Voilà un peu plus de 6 ans que je travaille dans Paris et ses alentours. Lorsque j’ai déposé mes bagages dans la banlieue, je ne connaissais rien du glamour de la ville. Je ne voyais que du brouhaha, de la pollution, des rues salles et des gens courant dans tous les sens. Je ne parvenait pas à y voir des choses belles ou attrayantes. Encore ce jour, je ne suis jamais monté dans la Tour Eiffel ni même avoir suivi le moindre programme suggéré par le BonBon.

Récemment, ma visite de Los Angeles avait eu un effet bien plus « wahou » que la ville des lumières et de l’amour. Cette impression confirmait à quel point je ne me suis jamais vu vivre toute ma vie aux alentours de Paris, que je n’aimais pas tant que ça.

En voyant les yeux olympiques se mettre en place en plein cœur de la ville, transforment nombreux des concepts arts en réelles images que l’on peut palper, c’est tout le paysage dont j’étais habitué et qui s’inscrivait dans ma rétine qui se retrouve alterné.

Place Concorde, dont je suis désormais habitué à voir vivre au rythme des marques de luxes qui gravitent non loin, se trouve désormais sous une structure métallique qui pose juste au dessus de la complexité de la ville souterraine qui bat au rythme de la vie active des parisiens. Lorsque je suis passé la bas pour la première fois depuis le début des installations, j’ai ressenti quelque chose. J’ai réalisé que les Jo approchaient, et j’ai réalisé par la même occasion que je me sentais pour la première fois chez moi. Suis-je devenu Parisien ? Non, tout de même pas. J’aime profondément la d’où je viens, au plein cœur du Berry représenté par les châteaux et surtout une certaine abbaye… mais je suis un peu plus heureux d’y vivre que pendant longtemps. Et puis, Paris est bien trop en désordre de mon point de vu.

Pour revenir à Los Angeles, je n’ai pas été dupe. J’ai bien vu à quel point la pauvreté contrastait énormément avec l’image omniprésente des studios faisant penser qu’il est encore possible de monter au delà des étoiles même en partant de rien. Mais ce tout de même ces studios là qui m’ont vraiment fait rêvé, avec l’architecture bien hollywoodienne des cinémas qui s’empilent les uns sur les autres sans respecter la moindre cohérence visuelle. Créant, finalement, un style propre et bien codé.

Lorsque je visite n’importe quel lieu, c’est comme si mes yeux devenaient une caméra et mon esprit un réalisateur. Quand l’occasion se présente, je m’empresse d’y prendre mon appareil photo - ou à défaut mon iPhone pro que j’ai acheté pour des qualités photographiques et pour l’efficacité du traitement et des transferts des médias. Je ne peux vivre autrement, c’est l’unique façon qui me fait réaliser de là où je vie. C’est avant tout, m’assurer que je l’ai fais et que tout est bien réel. C’est aussi m’assurer que je pourrais revivre chaque moment que j’ai inscrit dans ma rétine, et en backup, dans un appareil. Mais j’ai bien conscience qu’en contrepartie, je me limite en live d’à ce que je vois dans le viseur, m’éloignant des horizons bien plus fournis. Mais c’est ainsi que je profite.

Aller à Paris, durant ces 6 dernières années, relevait pour moi d’une contrainte: celle d’aller travailler. C’est là où tout changeait, je n’avais pas envie de prendre mon appareil photo. Pourtant, sont si nombreux à mettre une grosse partie de leur économie pour saisir l’opportunité, voir la chance, de vivre ce que je vie telle une contrainte. Paris est considéré comme étant la plus belle ville, avec notamment la plus belle avenue du monde.

Mais voilà, les JO changent tout en moi. Les caméras s’installent, quelques semaines après les périmètres de sécurités, quelques mois après les premiers panneaux d’informations concernant les trajets à prendre dans le métro, quelques années après le début des travaux de la nouvelle piscine olympique ou des grandes bassines dédiées à rendre la Seine « plus propre »… une décennie après la candidature elle-même pour l’organisation.

Je ne réalise pas non plus que soit disant pour la faisabilité, il a fallut déloger du monde pour finalement se retrouver avec un tôt d’occupation des logements en locations largement inférieur à tous les espoirs qu’avaient ceux qui pensaient pouvoir se gaver. Mais là n’est pas le sujet de mon article, qui me permet tout de même d’y glisser une petite révolte.

Les studios télévisuel du monde entier sont déjà là à s’installer. Nous sommes la veille de la cérémonie d’ouverture.

Pas mal de choses commencent à se montrer, par rapport à la cérémonie en elle-même: des musiques qui commencent à fuiter sur le net, la situation des danseurs me préoccupe pas mal aussi. Et puis on commence à y voir aussi... de grands visages et danses bizarres sur certaines vidéos issues des répétitions ?!

Pour la première fois depuis que je suis arrivé ici, en dehors des coupes de monde qui ont eu lieux, je ne vois plus Paris comme une contrainte - vu les galères c’est très paradoxal. Mais bien sous le prisme du spectacle et de l’audiovisuel. Des choses qui se trouvent profondément encrés dans ma vie, et qui justement me font profiter de chacune des choses.

J’ai vécu la cérémonie d’ouverture de London 2014 comme l’un des événements les plus marquants dans toute ma vie. Je n’étais que derrière une TV même pas en HD… Pas étonnant, elle fut réalisée par Dany Boyle tout de même. À cette époque, je m’étais promis de tout faire pour être présent à celle de Paris, si un jour elle allait avoir lieu.

Quand les jeux ont été officialisés pour être ici, j’ai commencé à réfléchir à quoi elle pourrait ressembler. J’espère qu’elle ne sera pas de la même veine que celle de la coupe du monde de Rugby 2023. Mais jamais je n’ai réussi à pousser l’imagination jusqu’au bout, me demandant comment faire aussi bien que Londres. Me demandant aussi comment faire pour ne pas trop jouer sur les clichés et plus sur la culture actuelle de la France qui m’échappe encore pas mal aujourd’hui.

Lorsque j’ai appris que ce serait au long de la Seine, ma première réaction a été… « ouch, ça crée tellement de contraintes. Nous n’aurons pas de gigantesque scène. Nous allons être limité à un spectacle rythmé aux bateaux. ».

Avec le temps, j’ai finalement renoncé à mon rêve d’être bénévole, et j’ai décidé de vivre les JO exclusivement par la TV. C’est ainsi, après tout, que j’ai profité de London 2014.

Et c’est ainsi, de part les caméras, que je réalise à quel point la chance de vivre ici, d’un point de vu civilisation humaine. C’est ainsi que je réalise à quel point je suis passé à côté d’autant de choses durant toutes ces années.

Les dommages collatéraux sont nombreux, pour que la magie opère sur moi comme sur le monde entier, tel est l’envie des organisateurs et de la mairie de Paris.

Mais voyant cela sous le prisme de la caméra, de la réalisation, du travail de l’image, tout cela a changé pour moi. Et c’est sous ce prisme que je vais vivre les JO comme jamais.

J’ai si hâte de revoir les athlètes briller à l’escrime, à l’athlétisme, a la natation mais aussi cette année encore à l’escalade. Hâte de revivre le sport, si étrangé dans ma vie - j’essaie de faire des efforts pour me motiver.

J’encourage fort fort toutes les équipes de la télévision, mes amis bénévoles, toutes les personnes qui vont s’occuper de la sécurité pour ceux qui seront sur place. Je souhaite bon courage à l’ensemble des techniciens qui vont bosser d’une part sur les cérémonies mais aussi d’une autre part lors des épreuves.

Profitez à fond, même si toutes les conditions ne sont pas réunis, pour le gosse en moi qui va revivre un bel été comme pour la première fois en 2014.

Faites rayonner le côté positif de Paris, et de la France. Celle que je ne voyais plus depuis un moment…

A propos

Max J.R. Berry

Artiste et technicien dans l’entertainment, le cinéma et le digital.

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