Quel effet étrange d’avoir été transporté pendant ces 4h30 de magie procuré par le monde magique sous l’aspect théâtrale. Quel effet étrange de se dire : je l’ai enfin vu, après tout ce temps. Toutes les portes s’ouvrent désormais : je peux écouter la bande originale en boucle et en découvrir ses mystères et ses nuances. Je peux éplucher le livre souvenir vendu à la boutique officielle. Je peux aussi à mon tour être le gardien du secret et encourager dans la difficile attente ceux qui n’ont pas encore eu la chance de la voir. Je peux me dire : j’ai moi aussi aimé ce spectacle. Et cette suite d’Harry Potter, du coup, avec.
Harry Potter et l’Enfant Maudit (Harry Potter and The Cursed Child) est une pièce de théâtre faisant suite 19 ans plus tard au livre Harry Potter et les Reliques de la mort. Même si elle a été écrite en partie par J.K Rowling, nous devons surtout son existence en tant que tel par les très appréciés du monde théâtral John Tiffany et Jack Thorne.
Des milliers de représentation à ce jour, un changement de casting, une publication du script dans toutes les langues du monde entier, des exports de la pièce dans 5 autres salles du monde entier, une bande originale disponible dans les bacs... Pendant tout ce temps, j’ai pu m’éloigner de tous les mystères qui entourent cette pièce de théâtre. Tout mon entourage a su « garder le secret ». Beaucoup de respect est attribué autour de cette pièce malgré son script digne d’une fan-fiction moyenne que l’on peut trouver sur le net.
Quel respect j’ai aussi à donner à cette pièce.
Pourtant, c’était mal parti ! Je fais partie de ceux qui ne comprennent pas l’histoire après lecture du script. Tout est mauvais de ce point-là, à mes yeux : incohérences multiples, peu d’intérêt dans les actions qui s’annulent… Nous pouvons nous passer dans l’absolue de « huitième histoire » qui est considérée malgré tout comme étant canon (voir ici). Quelques questions nous viennent après la lecture du livre : pourquoi avoir fait ça ? J.K Rowling n’avait-elle plus d’imagination ? pourquoi être revenu sur l’histoire des 7 autres livres ? pourquoi n’avoir rien raconté d’original et inédit ?
Ces questions n’ont plus aucun sens désormais. A la sortie du théâtre, toutes ces questions se sont échappés de mon esprit parce que tout simplement : on s’en fou. La mise en scène, le jeu des acteurs, les décors, la direction artistique, la musique, tout est là pour nous faire comprendre que le but de Cursed Child n’est pas de raconter une huitième histoire (même si le marketing fait tout pour nous le dire). Le but, c’est de nous faire vivre une expérience éloignée de ce que nous avons imaginés pendant 20 ans au travers des livres et 10 ans au travers des films. Le but de Cursed Child est de ne se servir de points d’accroches que nous avons eu pendant tout ce temps pour créer un spectacle vivant et temporel se passant dans l’univers d’Harry Potter.
La pièce n’est pas le script. Le script n’est là que pour nous faire vendre du texte dans des livres. Beaucoup d’éléments importants et manquant font toute la différence.
Des couleurs, de la magie
Lumière
Cette pièce était impossible à imaginer. Tous les choix prennent des risques : de l’éclairage de la salle jusqu’à la musique. La pièce a véritablement été pensée pour être jouée dans ce théâtre-là, totalement décoré pour être personnage à part entière. La direction artistique est très moderne, très contemporaine. On s’y sent bien, tellement bien.
Mise en scène
Je m’attendais à du gros spectacle dans tous les sens, des explosifs, de l’abondance dans les effets de magie pour contrer les défauts du scénario. Il en est rien de tout cela : la mise en scène est sobre, subtile et sans excès. La mise en scène est magique parce qu’elle est magique ! Les costumes, les décors, les mécanismes mis en place pour les changements de scène… d’un point de vue artistique comme d’un point de vu technique, tout est cohérent ! Les murs de Poudlard s’accordent avec les drapeaux des 4 maisons ! Les escaliers fonctionnent à merveille quand ils sont ceux de Poudlard comme lorsqu’ils sont utilisés pour être la chambre d’Harry sous le placard ! Les robes des sorciers servent à dissimuler les objets lors des changements de décors, les valisent servent aussi de compartiments pour le Poudlard Express ! Jamais vous ne verrez de temps mort durant le spectacle, ni jamais de techniciens pour bouger les accessoires. Sans baguette magique.
Musique
La bande originale à la fois électrique et orchestrale apporte de la douceur dans l’histoire et dans les décors très modernes. Sa compositrice Imogen Heap a fait un travail remarquable. Elle s’est très éloignée de ces prédécesseurs. Pour moi, elle a apportée à Harry Potter ce que Segun Akinola avait apporté à Doctor Who ces derniers temps. Sa musique est narratrice et personnage à part entière (comme la salle), sa musique nous berce et nous fait voyager, sans nous en rendre compte, dans l’histoire. Elle est tout ce que je demandais.
Mon gros gros coup de coeur: The Forbidden Forest. Ce morceau, à le ré-écouter, me rappel toute la détresse des personnages à ce moment-là. Quel beau souvenir... quelles émotions !
Le casting s’implique et transforme les mots en magie
Ce spectacle est vivant. Les comédiens qui incarnent les personnages le font à la perfection. Le casting est si crédible et impliqué dans l’histoire ! Mes coups de cœur ont été Jonathan Case (Scorpius Malfoy tellement attachant), Thomas Aldridge (un fabuleux Ron Weasley comme je l’adore), Michelle Gayle (une Hermione Granger et rien de plus ou de moins) et bien sûr Jamie Ballard (un Harry devenu très difficile à vivre mais toujours autant rempli de questions). Ces comédiens font absolument toute la différence. A la lecture, je ressentais un fort déséquilibre et des incompréhensions dans la répartition des rôles des personnages dans l’histoire. Après les avoir vu jouer comme ils l’ont fait, je me suis rendu compte que chaque personnage tout autant à raconter que les autres.
Je n’ai pas vu le temps passer
La pièce est extrêmement longue mais tellement fluide qu’il est je pense difficile de voir le temps passer. C’est en grande partie grâce aux comédiens, à la mise en scène et à la bande originale (comme je le disais un peu plus haut). L’histoire est découpée en 4 actes quasiment bien équilibrés et avec des phases finales qui font frissonner lorsque c’est à la salle de montrer tout ce qu’elle a montré ! Mon gros coup de cœur : la fin de l’acte 2.
Quel sentiment très drôle de sortir de la salle et de voir que tous les produits dérivés mis en vente dans la boutique ont été changés suite aux répercussions de l’acte 2. J’ai des frissons à y repenser encore aujourd’hui !
Frustration
Ce que je ressens peut-être maintenant, c’est de la frustration. Parce que je dois faire le choix d’accepter ce que l’on me vend : dois-je considérer Cursed Child comme la suite ? Puis-je me dire que l’histoire de la famille Potter s’arrête au départ d’Albus Severus dans le Poudlard Express l’année de ses 11 ans ? Puis-je laisser le passer rester en tant que tel, sans me dire que des élèves s’y sont baladés ? Mais à côté de cela, j’ai tellement envie de me raconter dans ma tête les aventures de ce chapitre final (du chapitre final des Reliques De La Mort). J’aimerais beaucoup dire plus, mais comme je le disais en début d’article, j’ai le devoir de garder le secret à mon tour.
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