Le passé est une histoire qu’on se raconte” retient Spike Jonze.

Illustration Pensées #01 - “Le passé est une histoire qu’on se raconte”

Nous vivons tous — un jour ou l’autre — des journées de douleur, de combat contre soit-même et contre les autres. Ces journées là se gravent à jamais dans notre esprit, bien plus facilement que tous les merveilleux souvenirs que nous pouvons recueillir.

Je suis passé par ces journées là, ces semaines là, ces années là interminables. Aujourd’hui, c’est au tour de quelques amis de vivre des heures sombres.

Depuis quelques jours, j’avais envie d’écrire sur Medium l’article qui suis. La situation fait… que c’est le bon moment pour ce mettre à la plume et vous raconter une partie de mon passé. Ou du moins, l’histoire que je me raconte tous les matins. L’histoire qui me permet de ne pas oublier qui je suis.

J’espère que cet article redonnera courage à certains, ou à certaines.

Les souvenirs font ce que nous sommes. Ces souvenirs forment une histoire, une histoire que nous nous racontons. Une histoire qui ce met à former notre passé.

Me voilà approchant de ma 19ème année d’existence. Dans ma tête, ces jours-ci, se passent pleins de choses. Me voilà aux bords d’une porte ouvrant une barrière formée entre le passé et le futur.

Je me souviens de moments douloureux, qui influences plus ou moins mon humeur actuelle.

Les années du collège et du lycée n’ont pas été socialement des plus faciles. Ayant eu petit un accident qui laisse de plus en plus de séquelles psychologiques — je peux m’énerver très rapidement, je peux prendre sur moi très facilement dès qu’une remarque m’est portée… — qui n’ont pas facilité mes rapports avec les autres. J’ai dû contrôler mes émotions, me contrôler pour rester heureux.

Le bac passé, je me suis littéralement libéré. Je me suis rendu compte de la présence d’amis oubliés, et du vrai visage des amis les plus proches. J’ai commencé à contrôler ce qui n’allait pas chez moi. Grâce à une force, une force qui ne dépendait que de moi.

Me laisser une seconde chance.

Je me suis laissé une seconde chance. J’ai évalué le positif et le négatif dans chacun des moments de ma vie, et n’en ai gardé que ce qui me rendait heureux. Cette chance là, je l’ai saisie en décidant de reprendre en main mon avenir. De le retirer des mains de ceux qui m’ont fait souffrir. J’ai fait mes premiers choix en décidant de ce que j’allais faire après le lycée, jusqu’au point de m’éloigner des autres.

Commencer une vie d’étudiant permet de ce donner un nouveau départ. De nouvelles chances.

De se construire un avenir autour d’une nouvelle vie qui n’est que le fruit de ce que nous sommes devenu pendant les 18 premières années. J’ai la chance de me retrouver dans les études que je fais. Comme j’ai la chance d’avoir fait de merveilleuses rencontres, tout en n’oubliant pas ceux qui sont toujours là quelque part en moi.

Il m’arrive, stylo en main, d’écrire des petites histoires mêlant souvenirs et anecdotes qui composent mon passé. Les pages du petit livre qui se compose me permettent de ne pas oublier qui je suis. De rester qui je suis aujourd’hui. Quelqu’un d’heureux, prêt à profiter du temps. Le temps. Cette obsession que m’est “le temps”. Certaines pages reflètent les moments les plus magiques dans ma vie, ou les évènements qui m’ont particulièrement marqués. Mais d’autres reflètent le désespoir, la peur de l’avenir, le manque de confiance en moi. Ces pages là sont plus nombreuses. Mais grâce à un combat personnel, leur influence est désormais moindre.

J’ai pu combattre des souvenirs, des faits, des personnes qui m’ont particulièrement bouleversé et qui m’ont fait suivre des moments très sombres. C’est un exercice très difficile, que tout le monde ne peux réussir.

La manière dont nous (nous) racontons notre histoire — donc de quelle manière nous voyons notre passé — en dit beaucoup sur nous. Sur notre perception de ce qui nous sommes.

J’ai pu combattre les moments les plus difficile grâce la volonté de m’en sortir. Peu de mes amis ont été là pour moi, pour me soutenir dans la quête du bonheur qui fut très longue. Ils étaient peu nombreux parce que je n’en parlais pas autour de moi. Même s’ils l’étaient… ils ne pouvaient rien faire, rien ne m’était utile pour faire le tri dans mon passé, dans l’histoire que je me racontais. Parfois, il m’arrivait de les rassurer en disant que tout allait pour le mieux, alors qu’au contraire le désespoir continuait de s’étendre.

Les moments les plus douloureux, les petites choses qui partent dans tous les sens dans notre tête jusqu’au cœur ne quittent pas facilement notre esprit. Minute en minute, seconde par seconde, malgré tout ce que nous pouvons faire, ce qui nous détruit se cicatrice pour n’être jamais destructible.

La cicatrisation peut se ralentir, lorsque la plaie ragrandie et que l’écorchement continue.

J’ai pu m’en sortir en travaillant sur moi-même. En me fixant une ligne à suivre, des objectifs qui ne dépendraient que de moi. Par moment en emmerdant même les autres.

Je me suis raconté une autre histoire. Une alternative. Je me suis imaginé vivre d’autres moments, des moments différents. Les moments qui me paraissaient idéales. En pensant à ces moments là, quelques larmes s’écoulaient sur le visage. Parce que je regrettais de ne pas les avoir vécu. Que personne ne m’avait donné la chance de vivre ces moments là.

Ces petits moments, par-ci par-là, n’étaient pas ma propre histoire. Ils formaient une histoire que je m’étais imaginé. Que je ne racontais pas aux autres, que je tentais de faire croire à moi-même.

J’y croyais parfois. Parce que je crois que l’univers dans lequel nous vivons est fait de multiples espaces temporelles. Tout peux être vécu. Une feuille tombant de son arbre peut à la fois réunir deux personnes que représenter tous les souvenirs qui n’ont été jamais vécus.

Peu à peu, mes souvenirs les plus douloureux ont été mis de côté. Mon cerveau s’obstinait à réfléchir à la suite de cette histoire parallèle. Cette idée de m’imaginer un meilleur passé était un véritable remède. J’ai sût l’utiliser à bon escient. J’ai sût le contrôler et à rester dans la réalité. Car malgré tout, cette version de mon passé ne devait pas remplacer ma véritable histoire.

J’ai eu espoir. Espoir de vivre un meilleur avenir. Un avenir non pas dépendant de ma véritable histoire. Mais de celle qui me rendrait heureux.

J’ai alors commencé à croire au second moi qui prenait vie. J’ai commencé à de nouveau m’exprimer, à me reconstruire. Je réalise aujourd’hui que ma reconstruction s’est forgé sur des souvenirs de tout petit. Des souvenirs que j’avais oublié. Ma passion pour le cinéma était quelque part au fond de moi, mais cachée.

J’aimerais un jour retrouver le DVD que j’avais gravé, qui raconte l’histoire de dinosaure qui vivaient dans un autre monde. Cherchant à y retourner. J’avais tout de même réalisé près de 2 heure de film, où nous pouvions voir courir le meilleur ami de mon frère dans un champs de maïs.

J’ai recommencé à sortir dans ma petite ville. A faire par moment près de 3 séances de cinéma par semaine (grâce au journal régional qui fait gagner à ma famille toutes les semaines des places de cinéma… parce que personne ne participe au jeu concours — tous les vieux n’ont pas internet).

Je me suis ouvert à ce que j’aimais. Quand je rentrais chez moi pour étudier ou me reposer, les cicatrices se remontraient. Mais, j’avais cette lueurs d’espoir qui continuait à me tenir debout.

J’ai commencé à écrire. Des textes comme des lignes de codes.

Je me suis retrouvé.

Parce que “le temps”.

Puis est venu le moment de récupérer mon premier et véritable diplôme. Découvrir une nouvelle vie, de nouvelles personnes. Cacher ce douloureux passé pour ne plus s’en souvenir. Me laisser une seconde chance, véritablement.

Nous avons tous le droit à une seconde chance. Qui nous soyons, qu’importe ce que nous pensons.

A propos

Max J.R. Berry

Artiste et technicien dans l’entertainment, le cinéma et le digital.

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